La musique n'adoucit pas toujours les moeurs ! ALAIN BUSSCHAERT, professeur d'éducation musicale
dans un collège d'Ile-de-France durant neuf ans, lance un cri d'alarme devant les ravages
de certaines "fréquentations musicales" constatés chez les adolescents.

Extraits de l’interview effectué par Luc ADRIAN le 27/05/1993 dans le magazine "Famille chrétienne":

·         Vous affirmez que de nombreux adolescents sont en difficulté, voire en perdition psychologique, à cause de certaines écoutes musicales. N’y allez vous pas un peu fort ?

Non. On pense communément que la musique n’est pas autre chose qu’un art, et un moyen de se faire plaisir avec des sons. C’est ignorer totalement la nature intime de la musique, ce langage mystérieux qui a exercé une influence prodigieuse à travers les âges.

·         …Et qui peut adoucir les mœurs ?

Ou les détruire ! Confucius disait : "si tu veux comprendre les mœurs d’un pays, écoute sa musique".
Moi je dis : "si tu veux comprendre les mœurs d’un jeune, écoute sa musique".
Selon son caractère et sa nature, la musique nous imprègne, nous suggère, nous imprime, nous impose telle ou telle émotion, telle forme d’état d’esprit ou d’inspiration. Qu’elle soit savante ou primitive, elle nous enseigne. "De bonnes musiques engendrent de bonnes mœurs", soutenait-on dans la Grèce antique…

·         … certaines musiques peuvent engendrer de mauvaises mœurs ?

Oui, à tel point que, selon Platon, il fallait éviter l’introduction d’une nouvelle variété de musique car celle-ci pouvait mettre en péril l’Etat tout entier !
L’examen attentif de l’histoire montre que toute innovation dans les styles musicaux fut invariablement suivie d’innovation en politique et en morale.
La musique agit sur la pensée collective. Elle affecte à la fois consciemment et inconsciemment, à l’aide de la suggestion et de la réitération.

·         Vous l’avez constaté chez vos élèves ?

Dis moi quelle musique tu écoutes, je te dirais qui tu es !
En observant un élève, son comportement, son visage, la manière de s’exprimer, je peux déterminer ce qu’il écoute comme musique. En vingt-cinq ans d’enseignement, j’ai "traité" quelque 8 000 jeunes, et je me trompe rarement.
Regardez les enfants sourds : ils n’ont pas le "look" ska, rap, hardos, punkie…Le langage musical modèle. Tel genre engendre la mélancolie, tel autre la mollesse, celui-ci encourage l’abandon, cet autre le contrôle de soi, l’enthousiasme et ainsi de suite…
En suggérant un certain nombre de sentiments et en les renouvelant un certain nombre de fois, ceux-ci s’intègrent dans l’esprit pour former ainsi une partie du caractère car les habitudes émotives s’acquièrent aussi vite, et souvent plus vite, que les autres habitudes. De plus, ce langage ne s’exprime pas par des mots susceptibles d’éveiller l’esprit de contradiction. Il renferme ainsi une force pour façonner les caractères, plus masquée et plus puissante que bien des mots.
Bien sûr, les textes peuvent avoir une grande importante surtout quand ils véhiculent des idéologies pouvant devenir des convictions/des modèles chez certains fragilisés par un manque de « protection » éducative avec trop peu de "mécanismes de défenses".Le Sur moi pouvant alors être contourné par le pulsionnel. Mais l’accroche est d’abord musicale.
Citons Jimmy Hendrix, l’un des pères du hard rock: "la musique est une chose spirituelle. Nous pouvons hypnotiser les gens avec la musique et lorsque les gens sont rendus à leur point le plus vulnérable, nous pouvons prêcher à leur subconscient ce que nous voulons".
Tout est dit !

·         Qu’est ce qui vous permet d’affirmer cela ?

J’ai eu en charge les classes de 4e et 3e des adolescents de 13 à 17 ans, pendant neuf ans dans un collège privé et réputé d’Ile-de-France. C’est une période critique, où l’avenir se joue. Il y a cinq ans, j’ai souhaité leur faire saisir que la musique, à travers les sons, influait sur leurs états d’esprit, leurs inspirations et donc finalement sur leur personnalité. Je leur ai demandé de sélectionner une musique de leur choix, de l’écouter régulièrement et d’écrire ce qu’ils ressentaient (les copies étaient anonymes). Au fil des années, en poursuivant l’expérience (les élèves ne se connaissent donc pas), j’ai noté que les mêmes termes étaient sollicités par le même genre d’écoute. Exemple pour le hard rock : "sauter par la fenêtre", "défoncer", "violence", "haine", "puissant", "hypnotisé", "mort"…

·         Et alors ?

J’ai rencontré des psychologues et des psychiatres afin de confronter mes opinions. J’ai affiné mes observations sur les rapports entre les "look", les comportements, et les styles de musique : j’avais en face de moi des gosses totalement façonnés de l’intérieur par le style de musique qu’ils écoutaient en moyenne de 1h30 à 3 heures par jour en période scolaire. De vraies pochettes de disque…
J’ai lu et relu les 3 000 copies, engrangées depuis cinq ans. J’ai alors décidé de lancer un cri d’alarme (1) : les conséquences de certaines écoutes musicales peuvent être terrifiantes. J’ai vu des jeunes se perdre corps et âme…

·         Qu’écoutent-ils ?

L’an dernier, renouvelant l’expérience avec 147 élèves, un seul a pris un support classique : Beethoven ! Quelques-uns optent pour des variétés, style Top 50, dance et l’immense majorité a choisi des musiques hard rock, rock alternatif, rap, reggae, techno.

·         Cela donne quoi ?

Au hasard, une copie : "j’ai écouté Slayer dans « Show no mercy ». Dès que j’ai appuyé sur la touche play, j’ai eu les cheveux dressés sur la tête où j’entendais un bruit de basse qui m’a donné envie de m’exciter. J’avais l’impression de me trouver dans la rue près d’un cimetière dans la nuit et que je prenais une tronçonneuse, puis que je tranchais en deux toutes les personnes qui se trouvaient autour de moi. Quand je pense que dans les concerts de Slayer, il y a plus de 7 000 personnes qui sont toutes excitées, et qui se cassent la tête ! Quand j’arrête la musique envoûtée de Slayer, je redeviens calme".
Notez que ces jeunes ne sont pas originaires de banlieues à risques, que beaucoup ont des parents aisés avec un certain niveau culturel…

·         Le cardinal Ratzinger soutient qu’ "on n’a pas assez pris au sérieux la dangereuse puissance de dislocation et de dissolution délibérées de la personne… " entraînées par certaines "musiques sataniques" (2). Est-ce votre avis ?

Absolument. Quand on sort du Requiem de Mozart, on n’a pas envie de "se casser la tête" !
Le cardinal explique justement pourquoi dans un article intitulé "Liturgie et musique d’Eglise" (3) : "Parce que ce qui est chanté se communique peu à peu à l’esprit, beaucoup plus efficacement que ce qui n’est que parlé ou pensé".
Avez-vous constaté qu’on apprend les paroles d’une chanson sans faire d’effort ? Lisez cette copie de 3e : "j’écoute une fois tous les jours une chanson du groupe Gun’s roses et je m’énerve et j’ai envie de m’envoyer en l’air, fumer un joint, inviter les copains et des copines pour faire une touse (abréviation de "partouse" NDRL). Après cela, je vois le côté noir (-Ce qui veut dire que ce qui précède semble normal !-).
J’ai envie de tirer, de buter quelques professeurs, bref de faire un gros massacre, la mort et le diable à mes côtés. Après, en arrêtant la musique, je redeviens tout calme comme par enchantement, ce qui prouve que l’arrêt de la musique adoucit les mœurs
".

·         Cette musique peut-elle mener au Diable ?

Il appartient à chacun de répondre à cette question selon ses convictions ou ses croyances.
L’important étant de prendre conscience de l’impact de cette forme d’expression musicale sur celui qui reçoit cette éducation…
"Il est des zones de l’esprit humain à ne pas éveiller ou réveiller"…
Mais lisez cette copie : "j’ai écouté Slayer, (…) et en regardant la pochette du CD qui représente des prêtres qui se font massacrer, j’imaginais que ces prêtres se faisaient arracher les boyaux, bouffer la tête, gober les yeux, etc. Cette musique m’excite à fond car c’est plus la rapide qui existe. J’avais l’impression d’être sur une moto à 300 à l’heure, fonçant sur tout ce qui bouge, sur les vieillards qui se dandinaient paresseusement en traversant la rue…". Par qui est-ce inspiré ?
Ozzy Osbourne, ex-leader de Back Sabbath, affirmait : "Notre auditoire est sous l’emprise d’un pouvoir infernal, c’est ce qui explique notre succès".
Mick Jagger, leader des Rolling Stones et "professeur d’éducation musicale" de toute une génération, disait : "Nous travaillons toujours à diriger la pensée et la volonté des personnes, et la plupart des autres groupes en font autant".
Un jeune de 3e écrit en toute conscience : "ce genre de musique fait ressortir ce que l’on a de plus mauvais en nous. Mais c’est une musique super".
Trois de mes élèves-qui écoutaient du hard depuis trois ans-m’ont confié un jour qu’ils avaient fait une messe noire. Ils ont été très surpris des conséquences de leur acte.
Je trouve, dessinées dans les marges, sur les tables de classe, des pentagrammes, des croix retournées…

·         De telles "fréquentations musicales" peuvent-elles pousser au suicide ?

La question me semble trop directe. Certes, on trouve des incitations explicites au suicide dans certaines chansons de hard rock et plusieurs groupes, aux Etats-Unis, ont été accusés par des parents d’y avoir conduit leurs enfants. Ozzy Osbourne, dans sa chanson "Suicide Solution" dit explicitement : "tu te suicides car tu ne peux échapper au maître qui te tient captif. Celui qui écoute cette chanson est prisonnier du Diable".
Son "credo" est "Killing yourself to die" (suicidez-vous).
Aux Etats-Unis, plus de 5 000 jeunes se seraient suicidés à cause du hard rock : je reste cependant prudent même si je crois qu’il y a de possibles relations entre suicide et musique. Le sujet mériterait des études poussées. D’autre part, cette musique peut mener à la drogue comme d’autres d’ailleurs dans des circonstances particulières.

·         Comment ?

L’écoute musicale peut être vécue de plusieurs façons : comme une sortie éphémère hors de l’équilibre quotidien. Ou justement, comme un enlisement progressif dans le rêve et l’irrationnel. De cette fuite à la prise de drogue, il n’y a qu’un pas. Et plusieurs études montrent que la musique pop et ses dérivés accompagne souvent la prise de drogue, au point que l’on peut se demander si, en son absence, celle-ci aurait le même effet. D’autre part, les jeunes ont aujourd’hui tendance à se regrouper d’abord par affinités musicales, ce qui crée des sortes de "communautés" et un certain "racisme musical" vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas leur "culture". Ils se regroupent à l’extérieur, ou à un domicile, en petit groupe, pour se "shooter" avec la musique. Et, comme ils disent, oublier tout…Là, il est bien rare que l’un d’entre eux n’ait pas un joint. Cela dès 12-13 ans !
Joint à partager bien sûr et jusqu’où cela peut aller ?
L’allusion à la drogue est particulièrement sensible chez les jeunes qui écoutent du reggae.
Par exemple, cette copie de 3e : "quand j’écoute Bob Marley, c’est cool. J’ai envie de me rouler un joint pour me défoncer la gu….De planer. Ce me fait tout oublier, surtout cette sale école de curés. Tous mes soucis oubliés avec un cône. C’est trop bien, Bob, avec ta musique de défonce".

·         Qui est responsable ?

La culture ambiante, bien sûr, mais aussi les parents. Leur responsabilité est énorme. Trop de parents abandonnent complètement leur rôle éducatif, qui retombe sur des professeurs débordés dont ce n’est pas la principale mission. Ils se voilent la face et projettent sur leurs enfants un onirisme de satisfaction. La plupart ne savent pas lire les "maux" de ceux-là. Ces "gamins"' qui ont souvent tout ce qu’ils veulent matériellement, n’ont pas toujours les points de repère sécurisants indispensables à leur équilibre. Ils trouvent dans la musique une compensation. "Une fois de plus j’ai les boules, j’en ai plein le dos (problèmes avec les parents)", écrit ce jeune de 4e. "Qu’est ce que je fais ? Je monte dans ma chambre et j’écoute de la musique. Pourquoi ? Une fois de plus, il n’y a qu’elle qui me comprend…".
Autre copie : "Quand mes parents gueulent, quand je m’ennuie (…) c’est la seule chose qui m’occupe : qui veut de moi ?".
La musique est souvent le seul compagnon pour beaucoup de jeunes. Le seul lien de communion : "Elle est indulgente", écrit une adolescente…"C’est la seule qui m’accepte telle que je suis et qui me comprend".
Le manque affectif, l’absence de dialogue, de communication est compensé par cette relation avec la musique qui apparaît comme le moyen de fuir dans un monde sensible et subjectif, facilement accessible, irréel et réel, suggéré comme idéal.

·         Comment les parents, que vous tentez d’alarmer, réagissent-ils ?

Il faudrait déjà pouvoir se faire entendre…
Quand le professeur de français dit qu’il faut acheter tel livre pour réussir, on y court. Quand le professeur d’éducation musicale conseille d’écouter telle musique pour se structurer, et pas celle là, on s’en fiche ! L’Education musicale n’est pas considérée comme une matière à réussir et on oublie trop que la musique est un enseignement formateur comme un autre. Les maths, d’abord ! "Mais la musique, ça leur change les idées", me disent certains parents.
C’est justement la question : jusqu’où change-t-elle les idées ?
J’ai vu des jeunes sains, le regard pétillant, s’éteindre, devenir, en quelques mois, renfermés, agressifs, inaccessibles, à cause d’une cassette de hard qu’un copain leur avait prêtée…Ecoutez ce témoignage : "Un copain m’a filé une cassette de hard. Le coup de foudre…je ne peux plus m’en passer. J’en écoute deux heures tous les jours. C’est plus important pour moi que mes parents et même mes copains".

·         Et le rap ?

Le rap aide énormément à l’intégration…mais pas vraiment dans le bon sens : ce sont des incantations parfois subversives, très faciles à enregistrer, sur fond musical simpliste. Dans les commentaires d’écoute de rap, ressortent ces expressions : société injuste, gouvernement à "dégueuler", fric à piquer… Ces adolescents auraient-ils eu ces idées-là. Seuls, sans ces influences musicales et leur incantation ?

·         Ces écoutes musicales pourraient influer sur la violence dans les lycéens,
l’agression des professeurs… ?

Lisez les paroles de la chanson "Mineurs en danger" du groupe rock alternatif Bérurier Noir :
"Les enfants naissent à l’aube…et se suicident en juin paniqués par l’échec scolaire.
Certains se pendent…D’autres partent sans un mot, l’arme du père à l’épaule, mitrailler la salle des profs comme un dernier coup (…). Dans cet univers de jungle où les profs nous ch…dessus
".
Quelles peuvent être les conséquences de ce texte sur des jeunes en échec scolaire ?

·         Quand vous parlez de suggestion, vous évoquez les messages subliminaux ?

Même pas ! Pas besoin de messages subliminaux ! Par exemple, le groupe NTM et son trop fameux "Nique Ta Mère".
Dès la 6e, et parfois avant, les jeunes savent ce que cela signifie !
Quelle splendide philosophie ! Le résultat ?
Cette copie d’élève : "j’écoute de la musique, ma mère m’appelle, j’ai envie de la baffer car NTM…".
Même quand on ne comprend pas les paroles, la musique se suffit à elle-même… Lisez ce témoignage : "J’ai compris que les musiques anglaises, nous ne comprenons pas les paroles, mais on comprend les sons, on se laisse emporter mais sans s’en rendre compte, on se fait avoir (…). Mon comportement a beaucoup changé, j’étais gentil, je m’énerve facilement. Je me suis encore engueulé avec ma mère hier soir, j’ai gueulé contre elle, je ne l’aurais jamais fait avant, j’arrive plus à travailler".
Ce garçon écoute trois heures de Gun N’Roses (hard rock) par jour, dont trois quarts d’heure le matin "pour se donner la pêche !" comme il dit. Il est normal que la journée d’école soit dure : l’effet de l’écoute musicale peut durer jusqu’à 6 heures. N’oublions pas les récréations où l’on reprend sa petite dose avec le walkman.

·         Quelles répercussions les écoutes musicales ont-elles sur la réussite scolaire ?

Dans mon collège, selon mes observations, 80% des jeunes qui ont des difficultés scolaires ou sont en échec scolaire écoutent du hard rock, de la techno, du trash, du rock alternatif. Des musiques en général très "speedées" qui atrophient le contrôle de soi, la conscience et la volonté : les clés de la réussite. Selon des études américaines, le hard rock diminue l’activité de la moitié droite du cerveau, réduit la créativité et les pensées productives. Une bonne hygiène mentale ne passe pas par n’importe quelle musique !
Et en aucun cas, elle ne peut être considérée comme "innocente".

·         Supposons que j’ai un enfant qui écoute du hard rock ou du rock alternatif trois heures par jour dans sa chambre. Que puis-je faire ?

Essayez de rétablir la communication : il y a une rupture quelque part. Dans tous les cas, ne jamais supprimer d’emblée les écoutes, il y aurait un manque, et la perturbation se traduirait par de l’agressivité. Réduire donc progressivement. Surtout, tentez d’informer le jeune sur la face cachée de la musique, son influence, pour qu’il réalise qu’il est en train de graver son subconscient, de transformer son caractère, sa personnalité.
La psychologie, il faudrait l’aborder en classe de 3e, voire de 4, en terminale il est trop tard ! Leur expliquer comment ils sont programmés par leurs écoutes, et comment ils peuvent, par leur pouvoir d’autosuggestion, combattre ces valeurs négatives. Qu’ils se rendent compte qu’ils se détruisent. En classe, pour tenter de les déprogrammer, je les éveille au langage musical en leur précisant que ce que nous exprimons par les mots, un musicien l’exprime par les sons. Voici quelques commentaires d’élèves après ce type de séances où je leur joue quelques pièces au piano : "J’ai découvert un art presque inconnu qui m’a émerveillé" ; "Je rêvais presque éveillé en écoutant cette musique" ; "Je n’avais pas envie de partir mais d’écouter encore et encore du Beethoven"…
Je suis optimiste mais quel combat !

·         Difficile de passer de Gun N’Roses aux Brandebourgeois ?

Très difficile. Il en est des relations musicales comme des relations humaines. Les habitudes subconscientes ne se changent pas comme cela. Demandez donc à un gourmet, après avoir gâché son palais avec du "piment" hard rock, d’apprécier la Truite de Schubert...Puis la musique crée vite une dépendance. Enfin, c’est quitter un certain monde facile pour un autre, plus exigeant. Je connais des jeunes, lucides, qui luttent pour se libérer : "De plus en plus j’essaie de m’éloigner de cette force négative qui est en moi, plus grande que chez les autres", m’écrit l’un d’eux à deux heures du matin. "Elle m’obsède, me gêne me fait réfléchir aux gens et aux choses de la vie, mais sous un mauvais angle, me fait voir la vie comme de la m...".
Un témoignage dramatique.

·         Que conseillez-vous aux parents ?

Dès le plus jeune âge, disposer l’enfant à de bonnes fréquentations musicales comme à de bons amis. Même inconsciemment, un travail se fait. Il faut absolument leur faire écouter Mozart, dans des tempos vifs, brillants, gais, plutôt dans les tonalités majeures. Laisser planer de la musique dans la maison.
En classe de collège, une bonne écoute musicale le matin donnera de l’entrain. Par exemple, le premier mouvement du 4e concerto Brandebourgeois de Bach. Avant le travail scolaire, à domicile, le troisième mouvement du 1er concerto en ré mineur pour piano et orchestre de Bach : un excellent décrassage intellectuel. Puis au moins deux mouvements lents. Respirer, allongé, au rythme de la musique. Après le travail, relaxation avec, par exemple, le 1er mouvement du concerto pour flûte et harpe de Mozart. Le soir avant de dormir, l’adagio de Divertimento en B-dur KV 287 de Mozart. La musique influe sur les rêves...
La pratique d’un instrument est excellente pour le développement du sens critique, les capacités d’attention, d’analyse, de mémorisation et d’expression. Le théâtre pour l’élocution, la chorale qui réunit les coeurs et les voix, et où surtout, personne n’est inférieur. C’est vraisemblablement dans ces circonstances que l’on apprend le mieux à partager avec l’autre tout en s’exprimant librement.

·         Au fait, que donnait la copie du seul élève à avoir choisi Beethoven ?

Il a écouté le kyrie de la Missa Solemnis. Voici un extrait de sa copie :"...Le début m’a semblé un peu monotone. Ensuite, j’imagine un lac tranquille sur lequel voguent des barques. En entendant cette musique, je me sens fondre devant la beauté...Je ressens une certaine paix intérieure".

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(1) Alain BUSSCHAERT donne des conférences dans toute la France, dans les lycées, collèges et auprès des Associations de Parents d’Elèves.
(2) Cités dans notre article sur « Le hard rock et la danse du diable » dans F.C. n°562 du 20 novembre 1988
(3) « Liturgie et musique d’Eglise », par le cardinal Ratzinger, dans la revue Communio n°13 (janvier-février 1988)

 

Interview d'ALAIN BUSSCHAERT
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